La Daronne

Hannelore Cayre

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par (Libraire)
    30 mars 2017

    Attention à la Daronne !

    Patience Portefeux est traductrice pour la police. C'est un sacré personnage, fille d'un pied noir tunisien et d'une mère juive autrichienne. Mais elle a une vie de merde : veuve, elle gagne petitement sa vie, a beaucoup sacrifié pour élever ses deux filles, et sa mère, atteinte d'Alzheimer, vit dans une institution qui lui coûte un bras. Un jour, elle entrevoit la possibilité de s'en sortir, mais en arrêtant d'être honnête. Elle va ainsi réussir à récupérer le pactole, soit plusieurs dizaines de kilos de bonne beuh marocaine, qu'elle va devoir vendre pour blanchir ensuite l'argent que cela va lui rapporter. Je ne rentrerai pas dans les détails de la combine élaborée par cette femme qui cache bien son jeu mais qui va s'avérer être redoutable. Une daronne, quoi !
    Quand vous commencez à lire La Daronne, vous ne pouvez plus quitter ce personnage, qui pourrait être celui d'un film, et ce n'est pas si étonnant que ça, puisqu'en lisant la biographie de l'autrice, j'ai vu qu'Hannelore Cayre fricotait pas mal avec le septième art. Elle connaît bien son affaire puisqu'elle est d'abord avocate pénaliste, ce qui lui permet de se moquer du système judiciaire, un milieu qu'elle a déjà épinglé dans son premier roman (et que je vous recommande aussi), Commis d'office, avec un autre héros pas piqué des hannetons non plus.

    La Daronne m'a donné un coup de fouet. C'est efficace, on est tout de suite dans l'histoire et dans les personnages, et on se marre. Avec Hannelore Cayre, rien n'est ni tout noir ou tout blanc, et j'aime son humour mordant, sa vision critique de la vie à travers la description d'une justice qui prend parfois/souvent l'eau. Promis, vous vous régalerez à lire La Daronne !


  • Conseillé par
    4 décembre 2017

    Étrange personnage que cette Patience Portefeux. Interprète de l'arabe au français et vice-versa, elle a été élevée dans une famille pas banale. Son père était dans les "affaires", de celles qui rapportent beaucoup d'argent... et de prison si l'on se fait prendre. Mais Patience est honnête et ce n'est que la cinquantaine passée, que les gènes la titillent.

    Hannelore Cayre sait écrire des comédies policière si ce n'est déjantées au moins très plaisantes. On sourit souvent aux remarques et saillies de Patience, on peine avec elle lorsqu'elle porte ses valises, lorsqu'elle doit subir les récriminations de sa mère, ses cris et les remarques peu amènes de la directrice de l'EHPAD. Au passage, la romancière égratigne un peu ces institutions surtout lorsqu'elles sont gérées par des investisseurs qui veulent des dividendes et se moquent bien des personnes âgées qui y résident. L'humanité n'est pas de leurs valeurs ni même de leur vocabulaire.

    Mais revenons à Patience qui va vivre moult aventures et tracas. Son histoire est un peu longue à démarrer mais l'écriture et la légèreté dont Hannelore Cayre fait preuve font passer le temps agréablement. Je ne vais pas ici simuler un enthousiasme béat que je n'ai point ressenti, mais je ne voudrais pas non plus laisser croire que ce roman ne m'a pas plu. Pile entre les deux. Pas mon polar préféré du moment, mais loin, très loin d'être le pire. J'ai passé un très bon moment, je dois même confesser -merci mon père- une impatience à connaître le final et savoir si Patience s'en sortait ou pas et comment. Et si vous cherchez bien, vous trouverez nombre de bonnes voire excellentes critiques générées par ce roman qui, comme la photo le montre a obtenu le Prix Le Point du polar européen. Pas mal.

    Je remercie Zazy pour son prêt et vous laisse avec les premières phrases de La daronne :

    "Mes fraudeurs de parents aimaient viscéralement l'argent. Pas comme une chose inerte qu'on planque dans un coffre ou que l'on possède inscrit sur un compte. Non. Comme un être vivant et intelligent qui peut créer et tuer, qui est doué de la faculté de se reproduire. Comme quelque chose de formidable qui forge les destins. Qui distingue le beau du laid, le loser de celui qui a réussi. L'argent est le Tout ; le condensé de tout ce qui s'achète dans un monde où tout est à vendre. Il est la réponse à toutes les questions. Il est la langue d'avant Babel qui réunit tous les hommes." (p.11)


  • Conseillé par
    7 mai 2017

    La Daronne lave plus blanc !

    Le droit mène à tout. Au roman noir, par exemple, pour peu qu'on sache scruter la justice sans complaisance et tremper sa plume dans l'acide. Auteure déjà de quatre romans et d'un long métrage remarqué (« Commis d'office » en 2009, co-écrit avec Roschdy Zem), Hannelore Cayre libère ainsi la rebelle qui sommeillait sous sa robe d'avocate pour nous livrer avec « La Daronne » un bijou de scénario politiquement incorrect.

    **Court, musclé et hilarant**

    Couronné du Prix du polar européen 2017 (remis à l'occasion de Quais du polar), ce livre court, musclé et souvent hilarant, est le portrait désabusé d'une femme n'ayant plus rien à perdre. Une quinqua lestée d'un excédent de bagage mémoriel, fille d'un truand tyrannique et d'une ancienne déportée cadenassée dans son passé, mère peu maternelle de deux gentilles filles auxquelles elle n'a rien à dire. Sa parfaite maîtrise de la langue arabe la fait vivoter comme traductrice, à transcrire des dépositions, des interrogatoires ou des heures

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    2 mai 2017

    drogue, policier

    Il y avait trop longtemps que je n’avais pas lu un roman de Hannelore Cayre. Et, encore une fois, ce fut un régal.
    Une bonne dose d’humour et d’auto-dérision du personnage principal ; des images qui font mouches ; des remarques toujours justes et intelligentes ; un œil acéré sur la société et ses dysfonctionnements (notamment sur les maisons de retraite)
    En excellente conteuse, elle nous raconte des histoires dans son histoire principale, nous tenant en haleine sans jamais nous perdre.
    Sans oublier la touche glamour au milieu des conversations ras les pâquerettes de certains protagonistes.
    Bref, j’ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de cette Juive intrépide.


    L’image que je retiendrai :

    Celle de la photo de La Daronne enfant devant une énorme glace et voulant devenir Collectionneuse de feux d’artifices.

    http://alexmotamots.fr/la-baronne-hannelore-cayre/