Les exigences, roman

Olivia Profizi

Actes Sud

  • Conseillé par
    28 juillet 2013

    Si je vous dis qu'une jeune femme a tenté de mettre fin à ses jours, vous allez soupirer ( en marmonnant encore un livre pas gai). Si ensuite, je rajoute que Rachel était amoureuse d'un homme d'un soixante d'années Maxence qui l'a initié au sadomasochiste, l'a traitée comme une esclave sexuelle, il y a fort à parier que nous n'allez pas lire les lignes suivantes. Et vous auriez tort ! Alors interdiction formelle de ne pas lire jusqu'au bout ma chronique (je vous surveille... ).

    Car malgré ces thèmes difficiles et risqués, Olivia Profizi évite de nombreux écueils et possède une écriture surprenante qui m'a ferrée. Vive, entraînante et qui bouscule les conventions littéraires. Rachel qui se faisait appelée Lucie par Maxence est internée en hôpital psychiatrique après sa tentative de suicide. Sa passion pour Maxence un homme pervers et manipulateur l'a amenée à devenir sa chose. L'hospitalisation est la dernière bouée de sauvetage pour l'aider à sortir du cercle vicieux et à se reconstruire. Le psychiatre lui propose d'écrire un journal. Méfiante et sur ses gardes, Rachel s'y refuse avec une ironie mordante mais elle consigne ces journées à l'hôpital : les visites, les autres patients et son histoire. En alternance, Maxence prend la parole, semant le trouble dans notre esprit. Rachel était-elle victime ou consentante? Maxence artiste peintre raté ayant eu de grandes ambitions confiné à reproduire des copies de chefs-d’œuvre. Maxence et Rachel deux personnalités qui se sont cherchés, deux êtres qui semblaient être dépendants d'un de l'autre. La muse inspiratrice devenue un objet malléable encaissant la violence. Durant quatre mois Rachel écrit, se prête au jeu de l'écriture thérapeutique pour mettre des mots sur cette relation et retrouver la liberté.

    Quand commence la violence ? Comment la cerner, quel est le moment où on pose le pied dans un engrenage où l'on ne peut plus faire marche arrière ? Un premier roman très fort qui pourra déstabiliser certains lecteurs. Olivia Profizi parle de la violence sournoise faite aux femmes.
    Certains crieront que l’on peut fuir. Mais il est difficile de sortir de cette spirale quand on ne sait plus qui l’on, que la confiance en soi ne veut plus rien dire et que l’on existe seulement à travers le regard d’un bourreau. Il faut savoir éviter les jugement hâtifs pour ne pas enfoncer encore plus celles qui souffrent...


  • Conseillé par
    25 avril 2013

    Attention, danger

    En novembre 2004, Rachel se réveille en hôpital psychiatrique. Elle a tenté de se suicider, et se retrouve en piteux état après une liaison extrêmement destructrice. Tout le monde connaît des chagrins d'amour, mais tout le monde n'a pas la malchance de tomber sur un dangereux pervers, qui vous laissera en miettes une fois son travail accompli.

    C'est un roman écrit à deux voix, celle de Rachel, la " victime " et l'autre de Maxence, le " bourreau ". Et c'est vraiment original, car le plus souvent, on ne nous livre qu'un point de vue. Rachel a toujours été fragile. Déchirée entre ses deux parents divorcés qui s'entendent pourtant bien, elle s'est retrouvée laminée une première fois par une rupture: il était Solal, elle Ariane, et un beau jour ils sont redevenus tout simplement Joann et Rachel, le rêve s'est brisé et la jeune femme avec. Pourquoi s'est-elle tournée alors vers ce vieil ami de sa mère? Pourquoi l'a-t-elle choisi comme confident puis comme amant? Pourquoi a-t-elle accepté, pour lui, d'être humiliée, battue, utilisée comme un objet érotique? C'est tout cela qu'elle va devoir comprendre avant d'être libérée, au propre comme au figuré. Quant à l'autre, le criminel en liberté, on écoute ses justifications, ses mensonges, on découvre ses failles. C'est une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, qui mène une vie de famille plutôt tranquille, gentil mari d'Eléonore, père attentif de Elisa, et presque assassin de Rachel. Un premier roman bluffant de maturité, porté sur les fonds baptismaux de la littérature par une Nancy Huston enthousiaste et généreuse, qui a encouragé Olivia Profizi dès les premières pages que la jeune femme lui a montrées.

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