La légèreté

Emmanuelle Richard

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par (Libraire)
    26 juin 2014

    Emmanuelle Richard signe ici un premier roman généreux où la narratrice du haut de ses quatorze ans exprime les bouleversements de l'adolescence qui tantôt l'exaltent et la submergent.
    Partis en famille passer quelques jours de vacances dans l’île de Ré cette famille aux modestes moyens se retrouve vite confrontés à la différence de niveau social ostensiblement étalée par la bourgeoisie locale. Les sentiments d'envie de honte et de colère la bouleversent.

    « Elle se détache soudain de la table pour regarder manger les siens à distance, elle comprise. Elle les voit de haut, elle se voit parmi eux. Ils ne se tiennent pas exactement de la même façon que les autres clients. Ils sont habillés sobrement mais malgré cela leurs gestes, empêchements, préoccupations, sujets de discussion les trahissent. Ils sont complètement à côté de la plaque ».

    Elle observe, scrute, les jeunes gens la fascinent, elle fantasme, déterminée qu'elle est à perdre sa virginité, mais même son corps n'est pas à la hauteur de ses espérances...elle rencontrera pourtant LE garçon...


  • Conseillé par
    2 avril 2014

    L'insoutenable légèreté...de l'adolescence

    C’est sur l’adolescence, le moment de la vie le plus hésitant et le plus éclatant à la fois, que s’est penchée Emmanuelle Richard dans " La Légèreté ", son premier roman.

    Elle a quatorze ans et demi, elle n’a jamais embrassé de garçon sur la bouche. Elle a des jambes d’allumettes et se trouve laide, elle voudrait être populaire. Cet été-là, ses parents l’emmènent, son petit frère et elle, à l’Île de Ré, repère des bourgeois bien habillés et bien élevés. Elle se dit que leur place serait au camping et non pas dans une location du très chic village des Portes en Ré. Elle se dit aussi que quelque chose doit arriver pendant ces vacances – n’importe quoi – quelque chose qui la fasse vivre. Quelque chose qui lui fasse dire que sa vie est différente de celle, vide et ennuyeuse, de ses parents. Alors elle attend. Elle attend, elle attend. Elle traîne sur la place du village en observant les jolies filles aux robes légères rire à gorge déployée au milieu des garçons. Elle se baigne dans la mer et va au cirque. Elle tue le temps en se promenant et en pensant qu’elle aimerait faire l’amour. Elle envie les jeunes qu’elle croise dans les rues, elle voudrait, elle aussi, monter à trois sur un vélo. Elle voudrait furieusement être eux. En filigrane, une pensée la hante, celle d’Antoine, un camarade de classe à qui elle n’avait jamais parlé, qui s’est jeté du pont de Normandie pendant l’année scolaire. Elle se demande pourquoi il a fait ça. Peut-être que c’est la solution, sauter pour échapper à cette vie de con.

    " La Légèreté " est un roman pesant. L’attente bouillonnante et destructrice de la jeune fille crée une tension palpable. Emmanuelle Richard retranscrit à merveille les angoisses de l’adolescence. La honte de ses parents, la peur d’être différent, le dégoût de son corps et paradoxalement l'éveil de la sexualité. D'une écriture coulante et anarchique, qui se moque des traditions, où les majuscules s’invitent derrière les virgules et où deux mêmes mots peuvent se retrouver côte à côte, l’auteure exprime l'urgence et la colère de la gamine. Mais derrière cette croûte mélancolique, le ciel n’est pas si lourd. Peut-être est-ce cela le temps de l’adolescence, un temps où l'on imagine que tout est tragique, mais qu’en fait rien ne l’est, où l’on est en réalité davantage insouciant que grave.

    Emmanuelle Richard signe un roman enivrant et cruellement vrai sur l’adolescence, qui frappe à la porte de nos propres souvenirs.

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  • Conseillé par
    24 mars 2014

    Elle a quatorze ans et demi, presque quinze, et pourtant, elle a l'impression de passer déjà à côté de sa vie. Avec ce sentiment que ses prochaines années vont se dérouler à toute allure et qu'elle se retrouvera à vingt ans, puis à trente et à quarante ans et que ses rêves, ses espoirs lui auront filé entre le doigts. Ce sont les vacances d'été et elle les passe sur l'île de Ré avec ses parents et son petit frère. Ils ont loué une maison et pourtant elle sait qu'ils en ont en tout juste les moyens. Alors pas de folies, le parents regardent à la dépense. Au restaurant, on ne prend pas de dessert sous prétexte que l'on n'a plus faim et pas à cause du prix. La honte de la classe sociale lui saute au visage, ils ne sont pas à leur place.

    Ici comme chez eux, elle est seule alors que des adolescents de son âge se promènent à plusieurs. Fiers, insouciants, riants. Et ses parents qui ne comprennent pas pourquoi elle ne va pas les voir. Grande, des jambes taillée en allumette, mal dans sa peau, encombrée "de son corps que tout le monde se permet de jauger, d'évaluer, mesurer et elle ne peut rien à y faire" elle se sent laide (les remarques de sa mère font mal). Et quand sa mère lui dit "va les voir", avec sa timidité gauche elle revient seule. Retour à la case départ chargée d'un peu plus de mal-être. Elle aimerait tant que quelque chose se produise, rompe la monotonie ( plage, dîner, télé, balade à pied en ville où la richesse s'étale). Prisonnière de son corps et de sa classe sociale, elle rêve, imagine des amants, des hommes comme si son temps était compté.

    Premier roman d'Emmanuelle Richard qui explore à merveille l'adolescence et ses tourments avec une certaine poésie et un sens de la formulation qui ne pas laisser indifférent. Ce livre fait rejaillir nos propres souvenirs et comme un boomerang qui nous revient en pleine figure, il nous égratigne ou nous écorche...