Du sang sur Abbey road

William Shaw, William SHAW

Les Escales

  • Conseillé par
    17 février 2014

    She's Leaving Home....

    Premier roman de ce qui est annoncé comme une trilogie se déroulant à Londres à la fin des "Sixties". La capitale anglaise à l'époque c'est l'Eldorado, les Beatles, la drogue qui commence à s'installer et Carnaby Street dicte la mode! Mais tout n'est pas rose dans le Royaume de sa Gracieuse Majesté. Même dans ces années-là !
    Un petit garçon des quartiers huppés de Londres a une envie pressante d'uriner dans une rue discrète, mais il ne veut pas le faire sur la dame couchée par terre... Elle a beau être morte, ce ne sont pas des manières. Cathal Breen, le "Paddy "de service, malgré un raté lors d'une précédente arrestation est chargé de l'enquête. Vieux garçon il vient de perdre son père avec qui il vivait et cela le perturbe dans sa vie personnelle. Voulant aider une petite fille à récupérer son chat, il tombe d'un arbre et se blesse... Le ridicule est à son comble et on lui adjoint une débutante !

    Sa vie se complique à loisir surtout qu'avec les studios d'enregistrements d'EMI, beaucoup de jeunes, des filles en particulier, qui tous rêvent de voir les Beatles, campent quasiment dans les environs ! La "Beatlesmania" bat son plein, la musique est partout, des nouveaux groupes se créent chaque jour avec leurs lots de groupies hystériques. Le racisme ordinaire après les irlandais, les gens de couleurs. Des africains viennent de s'installer, ils arrivent du Biafra en guerre et leurs prises de position ne leur amènent pas que de la sympathie. La drogue qui commence hélas à se démocratiser. Et on ne connaît toujours pas l’identité de la jeune morte !
    Un suspect est arrêté, un voisin qui semble le coupable idéal mais il n'y est pour rien. Helene Tozer découvre l'identité de la morte.
    Mais une autre affaire occupe Cathal, un corps calciné découvert dans un autre quartier, donc à première vue, aucun rapport entre les deux crimes !
    Breen et Tozer rencontrent les parents de la jeune décédée...elle fuguait et, pensent-ils, on peut la comprendre. Un père ancien militaire et une mère autoritaire portée sur la bouteille dans une grande demeure dans le trou du cul de l'Angleterre profonde, de quoi déprimer !
    Là on cherche à les tuer et ils découvrent le cadavre du père abattu d'un coup de fusil dans la tête, et la mère s'est évaporée. Ils la retrouvent pendue. Fin de l'enquête.
    Mais le mystère s’épaissit dans la brume anglaise... Et également sur les bords de la Tamise dans le "Swinging London".
    Cathal Breen (dit Paddy) est pour le moins sur la sellette vis à vis de sa hiérarchie ! Sa conduite ne fut pas irréprochable et son équipier a été blessé. Il avait déjà du mal à intégrer le groupe, alors maintenant c'est pire ; sa chute d'un arbre en cherchant à faire descendre un chat ne rehausse pas son prestige. Un homme ordinaire, ce qui nous change des "héros" drogués et alcooliques. Il faut de tout pour faire un monde (et des romans !) Bref, une sorte de "loser" associable!
    Helen Tozer, femme de caractère, n'en faisant qu'à sa tête, mais obtenant des résultats concrets. Elle cache une tragédie dans sa vie et semble toujours sur la défensive, faut dire que dans le milieu de la police les rares femmes ne sont pas accueillies les bras ouverts ! Et en plus Maryline, la seconde femme de l'équipe, ne la porte pas non plus dans son cœur... jalousie autour de Cathal ! Bonjour l'ambiance et les noms d'oiseaux ! Surtout de la part de Maryline. Sinon dans un commissariat anglais on retrouve les mêmes composants que dans ceux des autres pays : des flics corrects, d'autres moins, des mesquineries dignes de mômes de dix ans, des blagues au niveau du bas-ventre etc...
    Un bon roman à la britannique, une intrigue inattendue, mais bien ficelée, avec, et pour moi, une grosse surprise, les implications en Angleterre résultant de la guerre au Biafra. L'envers du décor d'une période que nous avons idéalisée, nous étions jeunes !
    À signaler : l'auteur parle d'un poème de William B. Yeats " The Countless Cathlenn", chose rare dans un roman policier. Figure également en fin de livre une note succincte sur la guerre du Biafra rédigée par l'auteur.


  • Conseillé par
    9 février 2014

    Une réussite!

    Je n'avais plus envie de lire de romans policiers tant les derniers m'avaient déçue. J'ai donc mis un peu de temps à entrer dans celui-ci et finalement, je suis très contente de l'avoir lu. Le duo d'inspecteurs est intéressant, lui est touchant, elle est à la fois rock et fleur bleue : à la fois fan des Beatles mais aussi conductrice aimant la vitesse. Tous deux ont des histoires familiales complexes qu'on aimerait voir développer dans le reste de la trilogie. Le thème de la famille est représenté par quatre familles différentes : celles des enquêteurs mais aussi celle de la victime et de la famille noire qui vit depuis peu dans la rue et qui, bien sûr, est regardée avec méfiance.

    William Shaw évoque aussi les changements dans la condition féminine, l'homosexualité (et là, j'aurais bien aimer développer mais je ne peux pas pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte), la Beatlesmania bien sûr avec une analyse sociologique de ce public (l'auteur réussit à nous montrer sans jamais se moquer d'elles comment ces filles étaient souvent seules, en conflit avec leurs familles), mais aussi les conséquences de la décolonisation de l'Afrique avec la création du Biafra. J'attends la suite avec impatience.