La Marionnette

Alex Berg

Actes Sud

  • Conseillé par
    9 juin 2014

    En Afghanistan, des soldats allemands sont pris en embuscade et meurent sous des balles qui se révèlent de fabrication allemande : c’est la puissante société Larenz qui les a fabriquées. Pour
    Katja Rittmer, rescapée de l’embuscade en question, membre des forces spéciales, c’en est trop. Elle décide de mettre à nu les vérités que le pouvoir s’acharne à masquer. Dès lors, elle mobilise ses capacités de combattante pour déclencher une série d’actions terroristes destinées à faire plier les autorités.
    De quoi donner sérieusement du fil à retordre aux services secrets, allemands aussi bien qu’américains, car la partie qui se joue déborde le cadre national.

    L’un de ces agents secrets n’est autre qu’ Éric Mayer, un des principaux protagonistes du précédent roman policier de l’auteur, "Zone de non-droit". On retrouve aussi Valérie Weymann, une avocate chargée de défendre Katja, ainsi que l’Américain Martinez. Ne pas avoir lu "Zone de non-droit" (c’était mon cas) n’est pas gênant car "La marionnette" est une histoire qui n’a rien à voir. En outre, les rappels effectués permettent d’appréhender facilement les liens entre les personnages récurrents (mais ils révèlent en partie la teneur et l’issue de "Zone de non-droit").

    "La marionnette" est un roman policier dont j’ai beaucoup apprécié l’ancrage dans un contexte politico-économique très particulier, celui de la guerre en Afghanistan, avec la manière dont a pu être perçue par l’Allemagne la participation de ses soldats au conflit et l’analyse fouillée de ce que représente le syndrome de stress post-traumatique.
    L’architecture du récit est parfaitement maîtrisée, tout comme le découpage des séquences, qui n’est pas sans rappeler celui qu’on retrouverait dans une série télévisée. Pas de suspense à tout va, cependant, plutôt l’impression, prégnante, d’une mécanique dont les rouages s’enclenchent un à un vers un dénouement terriblement incertain.
    Alex Berg apporte un soin tout particulier à l’exposition de ses personnages féminins, forts et complexes, sans négliger toutefois d’approfondir un peu certaines figures masculines, moins monolithiques qu’il n’y paraît.

    Un roman intéressant et intelligent, que j’ai refermé pensive. Comme, sans aucun doute, le souhaitait l’auteur.