Shakespeare. La biographie

Peter Ackroyd

Philippe Rey

  • Conseillé par
    6 avril 2015

    Indispensable !

    Il était temps que je lise cette biographie de Shakespeare qui fait référence. Et ce fut un grand plaisir pour moi de me plonger dans ce livre, autant pour ce qu’on découvre sur Shakespeare que sur le monde du théâtre sous le règne d’Elizabeth Ière et du roi James (je n’arrive pas à l’appeler Jacques), les deux souverains pour lesquels Shakespeare et sa troupe jouèrent. Peter Ackroyd ne fait pas semblant de savoir quand il n’a pas de certitude. Il nous explique ce qui est probable, en démontrant pourquoi ça l’est. J’ai donc appris que Shakespeare fut probablement clerc de notaire, qu’Anne Hathaway, sa femme, avait huit ans de plus que lui, ce qui était rare à l’époque et qu’il quitta femme et enfants pour se plonger corps et âme dans le théâtre, à Londres. Il revînt tout de même régulièrement les voir dans sa ville natale de Stratford. Huit années semblent particulièrement difficiles à combler pour ses biographes, celles entre sa vingtième et sa vingt-huitième année. Et si Shakespeare reste un mystère, c’est parce que ses contemporains ne se sont pas intéressés à sa vie et ne nous renseignent donc pas.
    A lire cette biographie, on se rend compte que si Shakespeare doit sa notoriété à son talent, il a sans doute aussi bénéficié de naître au bon moment au bon endroit. Le théâtre se développait à Londres comme nulle part ailleurs en cette fin de seizième et début de dix-septième siècle.
    Il y avait deux hommes en Shakespeare, l’homme d’affaire de Straford, usurier à ses heures, et le dramaturge, acteur et propriétaire de théâtre de Londres. Il mourut d’ailleurs à l’abri du besoin. L’homme de Stratford tenait beaucoup aux apparences et se battit pour obtenir un blason, comme son père l’avait fait avant lui. C’était apparemment une obsession à l’époque.

    Chaque œuvre de Shakespeare est mentionnée et éclairée en mettant en relation le texte et le contexte lorsqu’il y a un lien. J’ai trouvé les passages concernant les œuvres que j’avais lues passionnants. Je vais prendre un exemple en me penchant sur ce qu’Ackroyd dit concernant Peines d’amours perdues, que j’allais lire juste après cette biographie, et qui reste une énigme. Cette pièce est écrite dans un style artificiel, proche de celui de sa poésie. C’est celle qui comporte le plus de rimes. Ackroyd dit que c’est un opéra-bouffe avant la lettre, extravagant, riche et inventif. Pour Ackroyd, c’est l’une des pièces les plus brillantes jamais écrites qui repose sur la symétrie et qui est très structurée. Cette pièce comporte des références aux campagnes militaires du comte d’Essex. Comme La Tempête et Songe d’une nuit d’été, elle ne provient d’aucune autre source alors que Shakespeare trouvait souvent son inspiration chez d’autres auteurs. Ackroyd fait remarquer que la plupart des pièces Shakespeariennes commencent in media res, c’est-à-dire comme si la conversation était déjà commencée avant le lever de rideau.