Nom d'un chien

André Alexis

Denoël

  • Conseillé par
    27 mars 2016

    Des philosophes au poil !

    Attention, roman décapant, irrévérencieux et intelligent ! Comment pourrait-il en être autrement avec cette histoire totalement loufoque signée André Alexis, peu connu de ce côté-ci de l'Atlantique mais déjà primé au Canada. « Fifteen dogs » a obtenu le Giller Prize (comme, avant lui, Joseph Boyden, David Bergen ou Alice Munro pour citer les plus lus dans l'hexagone).

    Les Dieux sont de grands enfants, parfois un peu fada, notamment quand ils ont bu. Hermès et Apollon, après quelques verres pris dans pub de Toronto se lâchent : une meute de chiens sera dotée de la conscience et du langage humain. Le pari entre les deux nigauds de l'Olympe est simple : Hermès sera vainqueur si l'un des chiens meurt « heureux ». Apollon persuadé, lui, du contraire, mise sur l'absence de notion de bonheur chez les chiens, même dotés de pensées humaines.

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  • Conseillé par
    23 mars 2016

    Une histoire étrange mais pas totalement inédite, dans la droite ligne de Rudyard Kipling ou George Orwell. Elle est plutôt fine, complète : les quinze chiens permettent un panorama large des différentes interprétations de l'intelligence humano-canine, mais elle ne me convainc pas totalement. Pas mal de poncifs, de propos attendus, prévisibles et un peu décevants. Néanmoins, l'exercice est intéressant et la lecture itou. André Alexis donne dans la parodie de la société humaine, dans la satire animale ; il n'oublie pas évidemment d'aborder les grands thèmes : la vie, l'amour, la mort et ajoute ceux qui sont inhérents à son idée de roman : l'intelligence permet-elle de vivre mieux, plus heureux ? Et qu'est-ce qu'être heureux ? Le savoir est-il un but ? Un moyen ? Et la croyance en un dieu suprême, d'où vient-elle ? "Il croyait que le dieu qu'elle décrivait était possible, de la même manière qu'il croyait qu'une chienne perpétuellement en chaleur était une chose possible. Un maître de tous les maîtres, c'était une idée, mais une idée qui ne le concernait pas..." (p.68/69) Et quid de la sagesse ? et encore plein d'autres que j'oublie. Son roman qui pouvait s'annoncer comme drôle et décalé est surtout plus profond qu'il n'y paraît et cruel. Pas sûr que les défenseurs de la cause animale le lisent et encore moins sûr qui l'apprécient.

    L'esclavage également est abordé, ou plutôt la soumission et l'exploitation des plus faibles par les plus forts, les rapports sont faussés lorsqu'un humain ne réagit pas comme il le devrait : "Ça ne ressemble pas au maître habituel. Un maître qui ne demande rien n'est pas un maître. Et s'il n'est pas un maître, cela te causera de la douleur. Un jour, tu souffriras. Il vaut toujours mieux savoir à qui on a affaire, tu ne crois pas ?" (p.103).

    Question écriture, rien à dire, ni en bien ni en mal, le style est plaisant et n'a rien d'extravagant. C'est un peu mon reproche général, le bouquin n'a rien d'extravagant, j'aurais aimé plus de folie, de décalage, d'humour noir (le roman est vendu comme "hilarant et dérangeant" en 4ème de couverture), mais finalement, il traîne un peu en longueur en s'attardant sur chaque canidé devenu intelligent. Une petite déception qui pourra cependant trouver son public.

    Note finale : je n'ai pas fait de confusion entre les noms de l'auteur et du traducteur, André Alexis est canadien et parle anglais, Santiago Artozqui parle aussi anglais et le traduit même en français.