Le Front du mépris
EAN13
9782234082991
Éditeur
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Date de publication
Langue
français
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Le Front du mépris

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« Il y eut autrefois un monde gros d’espoirs pour ceux qui avaient toujours dû
faire sans. L’industrie, broyeuse parfois d’hommes et de femmes, les mit en
possession de leur destin. La parenthèse historique est difficile à
comprendre, pour nous autres.
Mes grands-parents et mes parents l’ont vécue. Mantes-la-Ville en atteste
encore l’existence pour qui fait l’effort d’en identifier les vestiges. Mais
qui se soucie de ce genre de villes ?
Loin d’être accidentelle, l’arrivée du FN à la municipalité en 2014 est
l’aboutissement d’un projet depuis longtemps mûri de mise au ban des
catégories populaires, à travers la sape de leurs substrats économiques,
culturels et politiques. C’est l’une des onze villes frontistes, la seule en
Île-de-France. Mantes-la-Ville fournit au parti un terrain d’expérimentation.
Cyril Nauth offre l’image lisse d’un homme sans passé trouble ni saveur
identifiable ; pourtant il est bien le véhicule d’une des traditions d
’extrême-droite les mieux ancrées d’Europe, jamais victorieuse peut-être mais
jamais totalement réduite au silence non plus.
Le mépris de classe fut toujours son moteur. En substituant une identité à une
autre, elle le conduit à son apothéose monstrueuse : les victimes prêtent la
main à leurs bourreaux. Si Marine Le Pen se garde bien d’intervenir
directement dans la gestion des municipalités FN, ou en tout cas de le
montrer, elle en attend des bénéfices substantiels : on aura démontré
localement, en flattant ses pulsions masochistes et même suicidaires, qu’une
partie de l’électorat populaire était demandeur d’une mise à sac des
politiques sociales et d’une espèce de sortie de l’histoire.
Je n’ai pas de feuille de route détaillée pour renvoyer le FN à son néant.
Mais il faut lui contester chacune des bouffées de son air. Il lui vient pour
l’essentiel des catégories populaires. Quand, comment et pourquoi les avons-
nous perdues ? À quelles conditions redeviendraient-elles les petites mains de
l’avenir ? Comment leur faire à nouveau croire que c’est possible ? »
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