Fields président !

On sait depuis Ronald Reagan que les présidents américains sont parfois de
mauvais acteurs. Alors pourquoi ne pas confier cette lourde tâche à un
véritable clown, gentleman de surcroît ? Impôts, éducation, santé, beau sexe,
affaires, spiritueux, corruption… Si vous votez Fields, en trois coups de
cuiller à pot, il réglera tous vos problèmes ! Parue en 1940, cette parodie de
programme politique populiste, signée par l’un des plus grands comiques de son
temps, flingue à tout va avec un humour caustique et décapant tout à fait
moderne. Entre Coluche et Donald Trump, un grand moment de comique politique
avec un futur président qui tient vraiment ses promesses : "Tout le monde a
besoin de croire en quelque chose. Moi, je crois que je vais reprendre une
bière." EXTRAITS « Le 15 mars est invariablement un jour de réjouissances et
de festivités effrénées à travers le pays. C’est en effet la date où tous les
citoyens de notre nation bénie peuvent profiter de leur droit inaliénable :
envoyer à Washington une large part de leurs bénéfices annuels ; en retour,
nos sénateurs leur adresseront des sachets de graines de radis ou des photos
intimes d’eux-mêmes, dans toute leur sincérité, travaillant dans leur ferme ou
embrassant leurs petits-enfants. La plupart des sénateurs sont très humains, à
défaut d’autre chose. Parmi mes innombrables et aimables lecteurs, il y en a
certainement un grand nombre dont le plaisir du 15 mars est gâché par les
complexités de la lutte contre les difficultés d’un formulaire d’imposition.
En vérité, certains citoyens se sentent tellement impressionnés par cet
imposant document qu’ils l’ignorent totalement. Je compte au moins l’un
d’entre eux parmi mes relations (je dis « compte » parce que c’est ce qu’il
est maintenant : un nombre – à la prison d’Alcatraz). Mais revenons à nos
affaires : afin de payer un impôt sur le revenu, vous devez d’abord avoir un
revenu, et il doit dépasser mille dollars. En d’autres termes, le gouvernement
arrange ses affaires de sorte que : soit vous mourez de faim en ayant un
revenu si faible que vous n’avez pas à payer d’impôt ; soit vous avez un
revenu suffisant pour payer un impôt – et après ça vous mourez de faim. » «
Les résolutions des campagnes électorales ne sont rien de plus que le
prolongement des décisions du nouvel an : elles sont assemblées hâtivement, à
la dernière minute, sans que l’on pense jamais à la manière dont on pourra les
enfreindre avec grâce. Actuellement, je suis un candidat possédant des années
d’expérience dans l’art de faire et de défaire les résolutions du nouvel an.
Ce que je peux réaliser dans ce domaine, je suis également capable de
l’accomplir pour les résolutions d’une campagne électorale. » William Claude
Dukenfield, dit W. C. Fields (1880-1946), fit ses débuts comme jongleur et
humoriste, intégrant la fameuse troupe des Ziegfeld Follies. Scénariste et
acteur de ses propres films, il explose dès 1930 dans le cinéma comique
parlant, dont il sera, avec les Marx Brothers, l’une des grandes stars. Citons
The Golf Specialist, The Dentist, The Fatal Glass of Beer ou Man on the Flying
Trapeze. Saltimbanque excentrique, misanthrope acariâtre, buveur immodéré de «
spiritueux médicinaux », on lui attribue entre autres la célèbre formule : «
Quelqu’un qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait
mauvais. »