(Fa-Fu)

Ça commence avec FA comme fabriquer et ça se termine avec FU comme fuyant. Tout un programme. Fabuleux, féroce, farfelu, fictif, fastueux, foutrement et facétieusement beau programme, ou faveur aurais-je envie d'écrire, car le livre que Julia Sørensen a façonné pour nous est littéralement une offrande, une fleur coup de foudre, fatalement irrésistible puisqu'elle se donne à nous à travers un mouvement, une musique, qui s'efface au fur et à mesure qu'elle se construit. Fabriquer du fuyant, afin que nous puissions contempler l'étreinte de la vie et de la mort au cœur du langage, n'est-ce pas ça, et seulement ça, si seulement, que la littérature devrait jeter sur le tapis ? L'auteure n'oserait certainement pas vous dire les choses comme je vous les écris - sa pudeur irradiant son exigence, son courage fécondant sa modestie - alors froissez (page 76) sa fenêtre (page 23), feuilletez (page 27) son flacon (page 39), foudroyez (page 61) son fantôme (page 15), et vous comprendrez que le livre que vous tenez entre les mains est une forêt (page 51) déguisée en falaise (page 14). Se perdre ou sauter, à vous de choisir. Pas facile (page 10). Il ne manquerait plus que ça. Pas facile. Quoi ? Choisir FA, lire FU, écrire FA-FU (...) La fiction se doit d'être une fourchette (page 63) funambule (page 82) fissurant (page 38) notre faim (page 12) d'infini. Vous ne trouvez-pas ?