Meursault, contre-enquête

Kamel Daoud

Actes Sud

  • Conseillé par
    26 août 2017

    Une suite, une enquête et bien plus que ça encore !

    Je vous avoue que je ne sais pas si l’Étranger est une histoire vraie mais avec Meursault, Contre Enquête on me perd encore plus. J’ai encore plus l’impression que l’histoire est vraie et que l’auteur, Kamel Daoud, est vraiment le frère de l’arabe. C’est une des grandes forces du roman, son réalisme. Il est poignant et certains passages m’ont laissés frénétique en train de tourner les pages pour savoir la suite !

    Je n’ai pas aimé le livre d’Albert Camus mais avoir lu Meursault, Contre Enquête m’a juste retourner le cerveau. Bien sur, il peut très bien être lu indépendamment. Que vous ayez lu ou non l’Étranger je vous recommande chaudement cette lecture, c’est un très bon roman !

    Gaëtan


  • Conseillé par
    3 septembre 2015

    Algérie

    Bien sur, tout le monde connaît le propos de ce livre : donner un prénom à L’Arabe du célèbre roman d’Albert Camus "L’étranger".
    Ce n’est bien sûr qu’un prétexte pour l’écrivain pour nous parler de son pays et de son problème d’identité après ce qu’il nomme L’Independance.
    Mais ce que j’ai aimé, dans cette lecture, c’est me laisser porter par la langue de l’auteur, celle qu’adopte le narrateur en racontant son histoire et celle de son frère le soir, au bar. Le dernier à servir du vin dans le pays.
    Plus qu’une contre-enquête, c’est à une recherche à laquelle nous assistons.
    L’image que je retiendrai :
    Celle de l’omniprésence de la référence à 2 heures de la journée, l’après-midi ou la nuit.
    Quelques citations :
    « Quelqu’un m’a dit récemment que les livres qui se vendaient le mieux dans ce pays étaient les livres de cuisine. Moi je sais pourquoi. Alors que M’ma et moi ont se réveillait de notre drame, titubant et enfin apaisés peut-être, le reste du pays mangeait, à pleine bouche, la terre et le reste du ciel et les maisons et les poteaux et le oiseaux et les espèces sans défense. » (p.83)
    « C’est une nationalité, « Arabe », dis-moi ? Il est où, ce pays que tous proclament comme leur ventre, leurs entrailles, mais qui ne se trouve nulle part ? » (p.113)

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/08/29/meursault-contre-enquete-kamel-daoud


  • Conseillé par
    2 janvier 2015

    Duel littéraire au soleil: Moussa contre Meursault

    « Aujourd’hui, M’ma est encore vivante ». On entre dans le premier roman de Kamel Daoud par cet incipit qui provoque, et c’est bien normal, la curieuse impression du déjà lu. Car nous avons tous en mémoire l’une des premières phrases les plus célèbres de la littérature française qui ouvre « L’Étranger » de Camus : « Aujourd’hui, Maman est morte ».

    À travers cette entrée, comme par effraction camusienne, du roman « Meursault, contre-enquête », tout est dit de ce que propose avec une audace folle Kamel Daoud. Ce chroniqueur politique au quotidien d’Oran fait ses premiers pas en littérature en s’attaquant, ou pour être plus précis, en se mesurant à un livre sacré, véritable monument du 20ème siècle. Si l’entreprise n’était pas sans risque, le résultat est vertigineux.

    « Meursault contre-enquête » raconte la version de l’Arabe comme le dénomme Albert Camus, cette victime de Meursault, le célèbre meurtrier devenu héros littéraire. Cet assassin, on a tant parlé de lui qu’on en a presque oublié son crime et l’homme qu’il a tué. Si Camus ne lui a pas donné de nom, cela ne pouvait être que volontaire. C’est sur ce prénom « flottant dans l’angle mort du paysage » de « L’étranger » que Kamel Daoud va construire son roman pour relire cette histoire « réécrite, dans la même langue, mais de droite à gauche (.../…) Une histoire prise par la fin et qui remonte vers son début ».

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    8 novembre 2014

    Coup de coeur

    Haroun est un vieil homme qui, depuis soixante-dix ans vit avec le poids de la mort de son frère et l'obsession de ce roman balaie d'un revers de main le grand drame de sa vie.

    C'est l'histoire d'un crime , mais l'Arabe n'y est même pas tué- enfin, il l'est à peine, il l'est du bout des doigts.

    Sa mère ne s'est jamais remise de la mort de Moussa et elle a chargé son jeune fils d'un fardeau dont elle saura se libérer en le poussant au pire, mais lui ne s'en libérera jamais. Quand un universitaire lui demande de lui raconter son histoire, il peut enfin alléger un peu sa conscience en partageant ce qu'il a fait.

    Quel riche roman que celui-ci, tant sur le fond que sur la forme ! J'ai adoré toutes les références à L'étranger et elles sont nombreuses et je recommande chaudement de se replonger dans le roman de Camus avant lire celui de Kamel Daoud qui est un vibrant hommage à L'étranger même si ce n'est qu'un versant de ce roman. Il y de nombreux jeux de miroirs entre les deux romans: les relations opposées qui unissent les mères et leurs fils, les femmes, Marie et Miriem, dont les prénoms se ressemblent tant alors qu'elles sont on ne peut plus dissemblables et puis ce roman L'étranger qui devient récit autobiographique. C'est aussi une description courageuse de son pays, qui ne pouvait être écrite que par un algérien. Critique donc d'un pays qui se perd dans la (pseudo) religion, des imams qui vocifèrent, magnifiée par une plume qui est très éloignée de celle de Camus :

    La religion est pour moi un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé.

    C'est aussi un roman qui nous explique de l'intérieur les débuts de l'indépendance, pas celle des moudjahids, celle du commun des mortels, de ceux qui ont peu à peu occupé les villas abandonnées par les pieds-noirs, d'abord en vivant dans la cuisine, puis en investissant le reste de la maison. Un entrée sur la pointe des pieds dans un monde différent, dans lequel on tuait gratuitement. Comme Camus le fait dans L'étranger, Kamel Daoud joue avec l'absurdité des situations. Ici, l'absurdité est liée au meurtre et à l'instant mais je n'en dirais pas plus. Il y a de belles pages sur la mort:

    Lorsque, penché à mon balcon, j'observe les jeunes enfants jouer, il me semble voir, en direct, les nouvelles générations, toujours plus nombreuses, repousser les anciennes vers le bord de la falaise.

    Et sur les femmes, celles d'avant, représentées par Miriem, belles, libres et conquérantes. Je ne sais pas si j'ai réussi à vous communiquer le plaisir immense que j'ai eu à lire ce roman mais je suis heureuse que les académiciens l'ait sorti de l'oubli dans lequel il a été plongé à sa sortie, en mai.